Pourquoi créer et garder sa biomasse dans son jardin ?
Charles et Perrine Hervé-Gruyer dans Vivre avec la Terre, par exemple, propose une stratégie qui permet d’améliorer la terre cultivable ainsi qu’augmenter significativement le rendement de légumes. Pour résumé, cette stratégie s’appelle la Stratégie Organique. L’un des axes proposés est la création et l’utilisation au jardin potager de la biomasse issue du jardin lui-même ou, si cela est trop compliqué (jardin trop petit, flore trop jeune, etc.), se procurer de la biomasse par exemple à l’aide d’un voisin qui coupe ses haies, tond sa pelouse, etc.
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A quoi cela sert-il ?
Augmenter la biomasse dans son jardin, terrain, terrasse, permet au fur et mesure de sa décomposition d’augmenter la quantité d’humus disponible à la surface du sol (du bac, du pot) et par conséquent d’augmenter la vie (pédofaune et pédoflore: bactéries, champignons, mycorhize, vers, etc.), qui elle-même augmente la décomposition de la-dite biomasse et rend bio-disponible les vitamines et minéraux nécessaires à la croissance des plantes qui sont alors issus de ces décompositions.
Pourquoi utiliser la biomasse ?
Les 10 bonnes raisons de créer de la biomasse dans nos jardins
- Améliorer la qualité du sol en créant de l’humus
- Créer une terre arable (aggrader le sol)
- Créer un sol vivant, c’est-à-dire augmenter la quantité et la diversité de la pédofaune et pédoflore, et ainsi créer un environnement symbiotique
- Rendre bio-disponible les vitamines et minéraux
- Augmenter le rendement et la taille des légumes
- Favoriser l’autonomie des plantes en nutriments
- Favoriser l’autonomie des plantes en eau
- Diminuer le besoin de la parcelle en intrant
- Augmenter son autonomie alimentaire
- Améliorer la biodiversité
C’est la création d’un cercle vertueux.
Qu’est-ce que la biomasse ?
UFG en propose une définition: Au jardin, la biomasse est l’ensemble des matières organiques d’origine végétale, animale, bactérienne ou fongique, utilisable pour l’aggradation du sol. Cette biomasse est issue, tant de la nature directement, que des déchets organiques issus de la vie des Hommes (compost issu des cuisines, toilettes sèches).
Dans cet article, nous nous limiterons à la biomasse d’origine végétale.
Comment créer de la biomasse dans nos jardins ?
Dès la conception, c’est-à-dire la définition du design de son jardin ou de sa terrasse, il nous semble important d’introduire la notion de biomasse, en prévoyant les emplacements et en estimant la quantité de biomasse qu’il sera nécessaire d’implémenter ou de récolter au fur et à mesure des années et de la production nourricière.
UFG vous propose ici une liste non-exhaustive des plantes à biomasse :
- Maïs
- Sorgho
- Topinambours/Helianthis
- Amarante
- Miscanthus, notamment les miscanthus géants
- Fèves
- Herbes, graminées (sous forme de tontes, paille, foin)
- Feuilles mortes
- Fougères
- Orties
- Consoude
- Roseaux
- BRF : haie, trogne/tétard, AFI “plantes architecturales, fertilisantes et ingénieures », notion de Fabrice Desjours dans sa forêt gourmande (exemple: les arbres pionniers comme le saule, le robinier faux-acacia, sureau, etc.).
Cette liste n’est bien sûre pas exhaustives encore une fois, toute matière organique nous intéresse !
Comment devenir indépendant, autonome en biomasse ?
Pour une gestion de la biomasse permettant un cycle pérenne, Charles et Perrine Hervé-Gruyer, dans Vivre avec La Terre, conseille la mise en place de proportions de culture qui permettront de répondre à nos besoins : 60% de biomasse, 30% de tubercules et aliments riches en calories, 10% de la surface cultivée pour les légumes divers apportant vitamines et minéraux. Vous remarquerez la place prise par la biomasse à ne pas sous estimer, car cette dernière représente comme l’ensoleillement, une énergie nécessaire pour le fonctionnement de votre système nourricier (pas de biomasse, pas de chocolat*).
Prévoir et planifier son besoin en biomasse
On comprend donc qu’il est préconisé de réserver 60% de la surface cultivée pour créer de la biomasse nécessaire à l’autonomie d’une parcelle.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que si vous êtes en mesure de produire sur votre parcelle, ou sur votre terrasse, une quantité de matière organique égale à 60% de sa surface cultivée, vous entrez dans un cycle vertueux (pérenne) dans lequel il ne vous est pas nécessaire de vous fournir à l’extérieur de chez vous. Autrement dit, vous limitez, diminuez, stoppez les intrants.
Attention:
- Attention, certains l’auront compris, sur beaucoup de parcelles, nous défrichons, nous taillons, nous tondons, nous désherbons, etc. Et enfin, nous mettons tout cela dans des sacs pour le donner à la mairie ou la communauté de communes et ainsi disons-le gentiment, bye bye 🙁 à notre biomasse. Logique ? hmm… non. Dans cet article, on ne développera pas l’impact carbone de ces actions mais il est considérable…
- Aussi, attention à la goulue qui se fournit en biomasse dans son terrain pour une année de production, qui atteint le succès, mais qui malheureusement ne prend pas en compte la capacité (besoin, temps) de régénération des plantes et de la biomasse utilisée (BRF, pelouse, compost, etc.) et qui finit doucement mais sûrement par épuiser son stock ! Quiz des prochains cycles ?
«Ne prélever que les intérêts du capital ! »
Charles et Perrine Hervé-Gruyer dans Vivre avec La Terre
Comment utiliser la biomasse dans son jardin ?
Plusieurs méthodes nous ont été contées, en voici quelques-unes ci-après.
La méthode naturelle
La méthode naturelle (que l’on pourrait croire non humaine). Avec le cycle des saisons, les arbres perdent leurs feuilles, les plantes périssent sur place et par conséquent apportent une biomasse naturelle qui se décompose localement. Cette méthode est la méthode préconisée dans la définition d’un design permaculturel efficace qui implique les cycles des arbres et autres plantes du règne végétal qui sont vivaces et pérennes. Cela pourrait paraitre un peu long pour l’Homme moderne…
La méthode d’aggradation par l’Homme
Les Paillis et Mulchs
Pailler ou Mulcher définissent la même utilisation, c’est-à-dire recouvrir la terre d’une épaisseur de matière organique non compostée. Par exemple, la méthode la plus répandue est le fait de retirer le sac de récupération de tonte de pelouse pour laisser tomber la coupe directement sur le sol pendant le déplacement de la tondeuse. Cela peut être également, la récupération de cette tonte et le dépôt en fine couche (et j’insiste sur la fine couche, par exemple de 2 cm maximum d’épaisseur) sur la surface cultivée pour l’enrichir en azote. N’oublions pas l’apport de carbone essentiel à la création de notre sol ! Cela nous amène à un prochain article: « Equilibrer ses apports pour l’aggradation du sol ». En paillant, mulchant, nous cherchons à créer une couche plus ou moins épaisse de matière équilibrée (Azote/Carbone) sur la surface du sol, créatrice d’humus et, vous l’avez compris, d’un sol favorable à la production de plantes nourricières sur le long terme. Denis Pépin, dans son livre Compost et Paillis, recommande une proportion de deux tiers d’azote pour un tiers de carbone. Par exemple, le BRF, (Bois Raméal Fragmenté) est une matière organique qui représente cet équilibre recherché.
Utilisation de BRF.
Selon wikipedia qui propose une définition qui nous convient très bien, le BRF c’est:
le BRF « est un mélange non composté de résidus de broyage (fragmentation) de rameaux de bois (branches), issu majoritairement d’arbres feuillus.
Par extension, le terme désigne une technique de culture agricole imaginée au Canada qui, par l’introduction du broyat dans la couche supérieure du sol ou en paillis, cherche à recréer un sol riche, aéré et riche en micro-organismes, comme on en trouve souvent en forêt. Le BRF favorise en effet la pédogenèse nécessaire à la création de l’humus. »
Wikipedia
Comment créer son BRF
Typiquement, le broyat réalisé à partir des coupes et tailles de haies ou de branches d’arbres, c’est-à-dire les parties des branches de moins de 7 cm qui comportent également les jeunes pousses de l’année avec ou sans feuilles vertes, est considéré comme le meilleur BRF possible. Pas la peine d’en acheter si vous disposez de cette or. Il vous suffira de générer ce BRF avec l’outil choisi (broyeur, tondeuse, hache, coupe-coupe (machette), etc.) et la taille souhaitée, de le mélanger et de le répartir de manière homogène sur les surfaces du sol à aggrader (améliorer). Cela prend un peu de temps, mais ça marche !! Le sol s’améliore et la vie reprend rapidement. (NB: la vie sans eau c’est compliqué, il faut donc s’assurer que le sol reste humide).
Recyclage des déchets organiques
Recyclage des déchets organiques: c’est-à-dire réintroduire la matière organique dans le cycle naturel à l’emplacement voulu sur les zones nourricières. Par exemple, lors de la récolte des légumes: laisser les racines en terre, laisser les feuilles et autres restes de matières organiques sur place au potager, etc.
Utiliser son compost sous le paillis
Utiliser son compost sous le paillis, ou mélangé en terre, pour améliorer la structure du sol et / ou apporter des éléments nutritifs qui seront bio-disponibles sur le long terme. Attention à ne pas retourner les couches profondes du sol (plus de 10 cm c’est déjà profond) pour ne pas déranger la vie en place.
Conclusion
En conclusion, assez brève par ailleurs, vous l’aurez compris la clef est de garder, d’accroître et de valoriser sur place, sur sa parcelle, les matières organiques qu’elle génère.
« la clef est de garder, d’accroître et de valoriser sur place, sur sa parcelle, les matières organiques qu’elle génère.« .
UFG
* pas de bio-masse, pas de chocolat = mise à part la blague, le chocolat est issu des fèves de cacao, comme tout le monde le sait, et les cacaoyers sont des arbustes dits tropicaux qui poussent dans des sols riches en biomasse…
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